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Microsoft, un futur acteur majeur des SIRH ?

L’écosystème des entreprises technologiques pour les ressources humaines (HR tech en anglais) est un des plus foisonnants de l’industrie des nouvelles technologies. Il regroupe plusieurs milliers de sociétés incluant des acteurs historiques comme Oracle, ADP ou SAP aux capitalisations en dizaine milliards de dollars et des nouveaux provenant de la vague du SaaS ainsi que des startups inondant le marché depuis une dizaine d’année.

Le marché des technologies RH est en progression constante et plus résilient que d’autres, puisqu’il faut toujours payer et gérer des employés même en temps de crise. Cela suscite les convoitises de nombreux acteurs financiers et technologiques.

Les fonds d’investissement s’installent massivement dans le secteur ; en premier lieu au travers de levées de fonds comme celles réalisées par TalentSoft (45 millions d’euros) ou celles du groupe HR Path (100 millions d’euros) ; voir par des rachats complets comme ceux réalisés par le fond d’investissement SliverLake avec l’éditeur Cegid et plus récemment celui de l’éditeur de paie Silae pour 600 millions d’euros.

Des acteurs technologiques comme Facebook, Google, ServiceNow ou Salesforce ont lancé plusieurs initiatives à destination des RH avec plus ou moins de succès. Salesforce est utilisé par de nombreuses entreprises en support de leurs processus RH, pour le recrutement notamment, et sa plateforme technique sert même de base aux solutions d’éditeurs comme Crosstalent ou Bullhorn. A l’inverse Google Hire, l’outil à destination des recruteurs des petites et moyennes entreprises a été arrêtée en 2019 deux ans après son lancement.

Au milieu de cette effervescence, un acteur historique du secteur de l’informatique avance ses pions surement dans le monde des technologies RH en ayant une approche hybride de développement de solutions en propre et de rachats. Il s’agit de Microsoft.

Sans être évidente au premier abord, la place de Microsoft dans l’écosystème des solutions HR tech est très importante que ce soit au niveau fonctionnel, technique et financier.

 

Un acteur des solutions SaaS des suites HCM

Sans être aussi connue que des solutions comme Workday, Oracle HCM cloud ou SAP Successfactors, la solution Dynamics 365 de Microsoft propose un ensemble complet de fonctionnalités à destination des départements RH. A l’origine solution de CRM et reconnue dans ce domaine, Microsoft a investi fortement pour développer la partie RH et offre désormais une proposition cohérente dans Dynamics 365 permettant de gérer notamment : le recrutement, l’onboarding, la gestion administrative, la gestion des congés et des absences, l’évaluation ou la gestion des déplacements et des notes de frais. De plus, la plateforme profite de synergies fortes avec des solutions de Microsoft comme une intégration poussée avec LinkedIn pour le recrutement. Si elle n’est pas encore très présente en Europe, la solution a su se faire une place aux Etats-Unis notamment dans l’industrie des logiciels informatiques même si elle reste modeste au regard de celles d’autres mastodontes du marché des technologies RH comme ADP, Oracle, SAP ou Workday.

 

Un acteur majeur du stockage et de la visualisation de la donnée RH

Concernant la partie technique, Microsoft, avec son offre d’hébergement cloud public et privé Azure, est un partenaire de nombreux éditeurs tech RH mais aussi de clients qui souhaitent héberger des solutions RH dans ce type d’infrastructure. A titre d’exemple, des sociétés comme TalentSoft utilisent Azure pour héberger leurs applications et les données de leurs clients. Un partenariat vient également d’être annoncé avec Workday qui va permettre à leurs clients faire fonctionner le module Workday Adaptive Planning sur le cloud de Microsoft Azure. Autre exemple sur la partie technique, l’utilisation croissante de sa technologie Power BI, là aussi par les éditeurs tech RH mais aussi leurs clients, pour faire de la visualisation de données interactives (data vizualisation ou dataviz en anglais). Concurrent direct de solutions comme Tableau ou Qlik, grâce des investissements conséquents, Power BI est désormais vu comme une référence sur ce marché. Elle est classée comme leader dans le Magic Quadrant 2020 du Gartner pour les plateformes d’Analytics et de Business Intelligence et ce devant la solution Tableau de l’éditeur Salesforce. Elle est désormais utilisée par un grand nombre de décideurs pour suivre des indicateurs de pilotage opérationnels et stratégiques RH dans leurs entreprises.

Grâce à Azure et Power BI, Microsoft est devenu un acteur de poids dans l’hébergement et l’exploitation de la donnée RH. Encadré par les accords de confidentialité qui le lient à ses clients ainsi que par les lois de protection de la donnée comme le RGPD, Microsoft ne peut pas exploiter pleinement ce potentiel. Mais rien ne peut l’empêcher, à terme, de proposer des offres comme celle de Workday Benchmarking qui permet de comparer les données RH et financière d’une entreprise utilisant Workday à des benchmarks utilisant les données d’autres clients de Workday (données agrégées et anonymisées).

 

Un acteur stratégique du recrutement, de la formation et bientôt de la gestion de la compétence

En 2016, Microsoft a racheté pour 27 milliards de dollars, sa plus grosse acquisition à date, le leader des réseaux sociaux professionnels (RSP) à savoir LinkedIn. En 2020 LinkedIn compte 700 millions d’utilisateurs dans le monde dont 20 millions en France soit plus de 60% de la population active. Ce rachat, qui a pu susciter des questions à l’époque, positionne désormais Microsoft comme le leader des solutions de sourcing et recrutement. Rares sont les entreprises qui n’utilisent pas ses services (95% des entreprises du Fortune 500 le font) pour publier des offres d’emploi, contacter des profils intéressants, gérer les candidatures et publier de l’information sur ses activités. Ses activités s’élargissement désormais à la formation avec LinkedIn Learning. Cette plateforme propose d’ores et déjà plus de 16 000 cours et l’offre ne cesse de s’enrichir. Mais, là où le rachat de LinkedIn prend tout son sens c’est lorsque l’on parle de compétences, le nouvel or noir de la donnée RH.

Il est convenu que les profils des employés sont souvent plus à jour en termes de parcours de carrière et de compétences maîtrisées dans des RSP comme LinkedIn que dans les systèmes internes de l’entreprise notamment pour mettre en avant son profil. Le profil contient des éléments comme les compétences autodéclarées par son propriétaire qui et peuvent faire l’objet d’une recommandation par un tiers (et dont certaines peuvent désormais être certifiées directement par un test dans LinkedIn) mais également les certificats officiels obtenus dans le cadre du suivi de formations et bien entendu ses diplômes et ses postes occupés.

Ceci offre à LinkedIn une richesse d’information sans commune mesure lui permettant de faire des corrélations entre les postes pourvus, les compétences mises en œuvre, les diplômes requis et le niveau d’expérience ; voir la localisation ou le genre. LinkedIn met de plus en plus en avant ses fonctionnalités autour de la compétence comme avec Economic Graph sa solution permettant une représentation numérique de l’économie mondiale. Grâce à Economic Graph, un utilisateur peut analyser, par exemple, un marché du travail et connaître les emplois ou compétences les plus recherchés et faire des comparaisons avec d’autres marchés à l’image de ce qui a été fait pour l’Europe et les talents dans l’intelligence artificielle (https://graph.linkedin.com/insights/ai-eu). Le potentiel de la solution est énorme et peut permettre d’accompagner des entreprises, voir des gouvernements, dans la mise en œuvre de stratégie de développement de compétences pour la création de nouveaux futurs emplois.

 

Vers une intégration plus poussée des solutions autour de Teams au service des ressources humaines

Le lieu de travail numérique est devenu une priorité des organisations. Microsoft l’a bien compris et profite de l’évolution mondiale vers le travail à distance pour se positionner. L’entreprise est, en effet, très active côté Teams, l’améliore rapidement et y ajoute de nouvelles fonctionnalités.

A noter que l’outil de visioconférence a connu une croissance massive en raison du travail à distance pendant la pandémie de coronavirus, avec un nombre d’utilisateurs actifs quotidiens passant de 44 millions en mars à 75 millions en avril.

De cette façon, Microsoft positionne davantage Teams dans sa stratégie comme une sorte de hub dans lequel il serait possible à terme de réaliser toutes sortes d’activités favorisant la collaboration et la communication, à savoir :

  • Proposer de la formation en classe virtuelle avec possibilité d’appeler des services comme Linkedin learning ;
  • Faciliter la saisie d’actes RH comme des demandes de congés, des questions aux RH ;
  • Suivre les informations, organiser le travail et gérer les flux de travail associés pour créer des listes au sein des équipes ;

Tout ceci contribue à mieux organiser les modalités de collaboration et de communication au sein et à l’extérieur de l’entreprise, afin qu’il soit plus facile de collaborer notamment en mode projet, de travailler à distance ou avec des organisations extérieures à l’entreprise.

On constate également que l’intégration directe des systèmes tiers, comme le sont les outils RH, dans les outils de communication et de collaboration présente un intérêt indéniable. Le travail est aujourd’hui tellement fragmenté entre les applications qu’il devient impératif de le centraliser davantage notamment pour améliorer l’expérience collaborateur.

A titre d’exemple, le renforcement des liens entre les solutions TalentSoft et Microsoft Teams illustre parfaitement cette approche. Leur objectif est d’embarquer la RH dans les outils du quotidien pour favoriser un environnement de travail productif et collaboratif en encourageant les interactions et l’engagement pour les managers et collaborateurs.

TalentSoft, n’est pas la seule entreprise à renforcer ses liens avec Teams, des acteurs comme ADP, Kronos, Workday, Neocase ou Lucca ont d’ores et déjà des applications disponibles dans la place de marché de Teams. Au début de l’été, Microsoft a continué à faire des annonces destinées à rendre Teams plus utilisable par des développeurs tiers. Ces extensions rendent la plateforme plus personnalisable, contextuelle et intégrée à d’autres outils numériques, et donc plus efficace et plus pratique pour l’utilisateur.

Teams semble devenir la pierre angulaire de Microsoft qui vise à rassembler sous son égide la puissance de ses autres applications comme LinkedIn ou PowerBI mais également celles de tiers pour mettre en place un environnement de travail plus efficace et plus performant. A terme Teams a le potentiel pour devenir le principal outil utilisé par les collaborateurs que ce soit pour leurs activités métier et celles en lien avec la vie de l’entreprise notamment la RH. Ce positionnement en hub faciliterait ainsi l’adoption des collaborateurs qui ne changeraient jamais d’espace de travail, même si les applications tierces changent, et de fait rendrait Teams et donc Microsoft incontournable dans le monde du travail comme celui des solutions technologiques RH.

 

Texte : Etienne BERGER et Marine Beauvais
Photo : D.R.

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